Abderrahmane Hadef. Consultant en développement économique à ECO ALGERIA «Le secteur privé performant, acteur de la transformation économique de l’Algérie».

Quels sont selon vous les grands défis actuels de l'économie algérienne ?
A mon avis, le plus grand défi aujourd’hui est de pouvoir changer le paradigme pour une réelle et profonde transformation économique à travers un nouveau modèle de croissance durable et résilient. Un modèle permettant une diversification effective de l’économie algérienne à la fois en termes de production des biens et des services ainsi qu’en termes d’exportations. En deux mots, un modèle créateur de richesses et non consommateur de rente. L’économie algérienne a besoin d’un taux de croissance de plus de 7% pour un meilleur développement.
 
L’amélioration des indicateurs macroéconomiques de l’Algérie, qui aspire à faire partie de la catégorie des pays émergents, nous astreint à travailler plus et surtout avec beaucoup d’intelligence.
 
Le projet de loi sur les investissements a finalement été approuvé par le président de la République en conseil des ministres, jeudi 19 mai. Il ne reste plus que la formalité du passage devant les deux chambres du Parlement pour que le texte entre en vigueur. Est-ce un tournant décisif ou un texte de plus à l’épreuve de l'administration ?
 
La transformation de l’économie algérienne requiert un important plan de réformes structurelles permettant une vraie amélioration du climat des affaires. Le cadre juridique est appelé à évoluer pour s’adapter à cette transformation et devenir favorable et non contraignant. Dernièrement, nous avons noté avec satisfaction l’existence d’une volonté politique affichée par les plus hautes autorités du pays. Néanmoins, cette volonté politique est conditionnée par une volonté administrative nécessaire à une mise en œuvre effective et efficiente de la nouvelle vision économique. C’est dans ce contexte qu’intervient le projet du nouveau code d’investissement. A priori, Il faut se féliciter de cette avancée qui consiste en l’élaboration d’une nouvelle loi et non la révision de celle qui était en vigueur. D’après une première lecture du projet de loi nous retrouvons un exposé de motifs et une ambition claire pour améliorer l’environnement des investissements pour une meilleure attractivité et surtout un accompagnement effectif.
 
La dématérialisation des procédures, la protection des investisseurs, la révision des missions du CNI et de l’ANDI sont autant de points positifs dans ce projet de loi. Le vrai travail maintenant consiste à donner du sens opérationnel à ces changements par une évolution dans le mode de gouvernance des dossiers d’investissement et par une réelle libération de l’acte économique en termes d’initiative et de marché. Les institutions publiques doivent s’orienter plus vers leurs missions de régulations et facilitations. Opter pour la généralisation du contrôle à posteriori, l’usage des technologies numériques et surtout une présence sur le terrain et être à proximité et à l’écoute des investisseurs. Enfin permettre une l’émergence d’un secteur privé performant seul capable d’être l’acteur de la transformation économique de l’Algérie.
 
Le Medef a effectué une visite de deux jours en Algérie à la tête d’une délégation des chefs d’entreprises. Est-ce un bon signe de reprise de confiance des étrangers en notre économie ?
 
La diversification de l’économie algérienne c’est aussi la diversification des partenaires étrangers. S’ouvrir vers l’internationale devient impératif pour s’intégrer durablement dans la chaine de valeurs mondiales. Le rôle de la diplomatie économique devient hautement stratégique. C’est l’affaire de tous les acteurs à commencer par les autorités publiques (les AE, Ministère du Commerce etc.)
 
Mais aussi et surtout des opérateurs économiques à travers leurs organisations patronales et aussi dans le cadre missions des chambres de commerce.
 
Accueillir les délégations étrangères et effectuer des déplacements à l’étranger doit s’intensifier pour mieux choisir les partenariats et les alliances selon les intérêts et les besoins de l’Algérie. Il est important de s’imposer et de mieux négocier ces alliances pour sortir définitivement de l’approche purement commerciale et vers une approche de co-développement. Je terminerai par dire que pour pouvoir donner de la confiance aux investisseurs étrangers ceci passe par un regain de confiance des chefs d’entreprises nationaux. La stabilité juridique, la protection des investisseurs, la faciliter d’entreprendre et de commercer sont autant cages pour concourir à restaurer la confiance et propulser l’économie.

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