Dr Abderrahmane MEBTOUL:Algérie 2017: quelles perspectives socio-économiques ?

L’année  2016 s’achève et commence l’année 2017. Quel est le bilan de l’économie algérienne afin de tracer les perspectives futures entre 2017/2020/2025 ? Malheureusement, après plus de 50 années d’indépendance, c’est la prédominance de la rente des hydrocarbures qui irrigue toute l’économie et le corps social : Sonatrach c’est l’Algérie et l’Algérie, c’est Sonatrach  Le cours du pétrole le 23 décembre 2016 est coté l à 54,75 dollars le Brent et 52,64 dollars le Wit. En référence aux  moyennes mensuelles internationales boursières , moyennes des cotations quotidiennes du Brent daté en clôture à Londres.  nous avons eu 79,44 dollars le baril en 2010, 111,22 dollars en 2011, 111,66 en 2012, 108,68 dollars en 2013, 99,02 dollars en 2014, 52,35 dollars en 2015 et 42,65 dollars en 2016, le FMI prévoyant une fourchette de 50/60 dollars  en 2017, sous réserve du respect des décisions récentes des pays OPEP (posant problème en cas de stabilisation de l'Irak et de la Libye)  et non OPEP, surtout de la Russie et des USA ( pétrole/gaz de schiste), ces derniers représentant 67% de la production commercialisée mondiale Je propose de dresser le bilan des indicateurs financiers, ceux de la sphère réelle   avant de proposer les perspectives 

1.- Indicateurs financiers 

Sonatrach a engrangé entre 2000 et 2016 plus  800 milliards de dollars en devises  selon les bilans officiels. Cela a permis une dépense publique sans précédent depuis l’indépendance politique. La rente des hydrocarbures a permis également d’importantes réserves de change – moyen et non facteur de développement La  cotation du dinar  par rapport à l’euro a été la suivante. 2001- 77,29 dinars un dollar- 2005- 73,35 dinars  un dollar- 2010- 74,39 dinars un dollar-2015 -100,46 dinars un dollar- 23 décembre  2016  111,10 dinars un  dollar.  Avec une dette extérieure évaluée à 23,203 milliards de dollars au 31 décembre 2003 et inférieure à 5 milliards de dollars fin 2015, les  réserves de change fonction des recettes d’hydrocarbures, qui tiennent la valeur du dinar à plus de 70/80%, ont été estimées entre 2000/2016  officiellement ainsi : 2000, 11,9 milliards de dollars -2001, 17,9, milliards de dollars-2005, 56,2 milliards de dollars-2010, 162,2, milliards de dollars- 2011, 182,2, milliards de dollars-2012, 190,6 milliards de dollars-2013, 194,0 milliards de dollarsè2014, 179,9 milliards de dollars-2015, 144,1 milliards de dollars- fin septembre 2016 à 121,9 milliards de dollars. Selon le rapport du FMI clôtureront à 113,3 mds usd fin 2016 et 92,3 mds usd en 2017. Avec des réserves de change  entre 10/20 milliards de dollars, le cours s’établirait à environ 200 dinars un dollars, d’où l’importance entre temps d’aller vers un endettement extérieur ciblé qui ne concernera que les secteurs productifs.  Ces réserves incluent le prêt au FMI et les dotations de DTS de l’Algérie déposés au FMI, l’Algérie ayant  augmenté sa quote-part au Fonds monétaire international (FMI) de 705,2 millions de DTS (équivalent de plus d’un milliard de dollars) la portant de 1,25 milliard de DTS (environ 1,9 milliard de dollars) à 1,96 md de DTS (près de 3 mds de dollars), selon un décret

présidentiel publié au  journal officiel, cité par l’APS donnant un montant  cumulé  de  8  milliards de dollars au niveau du  FMI . Les  173 tonnes d’or dont le stock selon le FMI au 31/12/2015  n’aurait pas évolué depuis 2009 alors qu’il ya production d’or dans LA  région de Tamanrasset est –il inclus ? . Ces réserves garantissent plus de trois années d’importation. Le placement de ces réserves se fait actuellement à travers des dépôts auprès des banques centrales,  le reste se faisant à travers des obligations, des bons du Trésor et des actifs, auprès d’établissements bénéficiant d’un bon rating, soit la notation triple . En 2013 selon les déclarations officielles ,  alors qu’en 2010, la répartition qui était de 45% en dollars, 45% en euros, 5% en livre sterling et 5% en yen japonais toujours selon le gouverneur à l’époque, ce panier des devises étrangères a évolué et est composé du dollar américain (52%), de l’euro (37%) et de la livre sterling (9,6%). Cette manne a permis à l'Algérie d'éteindre la dette extérieure de l’Algérie et d’éponger artificiellement une partie de sa dette intérieure. Le FMI a classé l’Algérie au titre du pays le moins endetté des 20 pays de la région MENA dans un rapport spécial sur les perspectives économiques de la région du Moyen Orient et de l’Afrique du Nord,  Mais d’une manière générale, il faut se méfier des artifices comptables où selon le rapport du gouverneur cité précédemment, le déficit du compte courant de la balance des paiements s’est encore accentué entre 2014/2016. Car,  il ne faut pas se limiter à la balance commerciale, mais étudier la balance de paiements qui montre que le montant poste assistance technique étrangère est passé de 2 Mds $ en 2002 à 10/12 Mds $ entre 2009/2015 et les transferts légaux de capitaux. Ce qui donnerait  un déficit de la balance de paiements  d’environ 30 milliards de dollars fin 2016. Cela témoigne de la fragilité de la balance des paiements extérieurs devant les chocs externes. La léthargie  d’une économie rentière renvoie à la valeur réelle de la monnaie. On peut établir un coefficient de corrélation entre la cotation du dinar et l’évolution du cours des hydrocarbures pour un taux d’environ 70 %, 30 % étant dues aux phénomènes spéculatifs et aux sections hors hydrocarbures bien que limitées. Concernant justement la cotation du dinar pour la banque d’Algérie qui parle de glissement et non de dévaluation, le dinar est fixé par le marché interbancaire où interviennent 19 banques de la place en plus de la Banque d’Algérie, le gouverneur minimisant la question de la perte de change, surcoût supportés tant par les entreprises que par les consommateurs. Mais cela n’explique pas le paradoxe d’un glissement à la baisse du dinar tant par rapport au dollar et l’euro alors que leur cotation est inversement proportionnelle. L’explication est de voiler l’importance du déficit budgétaire en gonflant artificiellement la fiscalité hydrocarbures mais également les taxes sur les produit importés toujours via les hydrocarbures ainsi que le fonds de régulation des recettes (épuisé fin 2016) où le dollar et l’euro sont reconvertis en dinars algériens, accentuant par là l’inflation importée. C’est grâce aux réserves de change dues aux hydrocarbures et non au travail (l'Algérie étant classée pour la productivité  un des derniers de la région MENA entre 2012/2013) que le taux de change officiel est maintenu à 110 DA un dollar en ce mois de décembre 2016. Quant aux libertés économiques, parmi les facteurs les favorisant, il est retenu    la taille du gouvernement, la structure juridique du pays en matière de protection des biens de propriété, la valeur de la monnaie, le libre-échange avec les pays du reste du monde et la réglementation des crédits, du travail et des entreprises. Le rapport  publié par la fondation Heritage  et le Wall Strett Journal en date du   25 janvier 2016  pour l’année 2015 classe les 178 pays étudiés  en 5 grandes catégories sur une échelle allant de 40 points (les moins libres) à 100 points (les plus libres) : « libres » (80-100 points), « plutôt libres » (70-79,9 points), « modérément libres » (score 60-69,9 points), « plutôt pas libres » (50-59,9 points) et « réprimant la liberté » (40-49,9 points).  L’Algérie a été  déclassée  de onze places,  la 157ème position sur 178 pays. Ce rapport place l’Algérie dans la catégorie des pays où la liberté économique est « réprimée » avec un score global de 48,9 points, soit 1,9 point de moins que l'année  2014, ce score global restant  inférieur à la moyenne aussi bien régionale que mondiale. Par ailleurs,  le think tank canadien Fraser Institute dans son édition de  2016 sur  159 pays, classe  l’Algérie  à la 151e place avec un score de 5,15/10, En matière de taille du gouvernement, l’Algérie est classée 157e, pour la  liberté de commerce  154e, le système légal,  pour le droit de propriété  106e place et la force de la monnaie  113.ème.. Aussi, face à l’incertitude politique, outre que beaucoup de responsables vendent leurs biens pour acheter des biens à l’étranger, beaucoup de ménages se mettent dans la perspective d’une chute des revenus pétroliers et commencent à acheter les devises sur le marché informel, au lieu de l’or qui a chuté depuis deux années, accentuant l’écart entre le cours officiel et le cours sur le marché parallèle qui est coté le 23/12/2016 à 186 euros.

2.- Indicateurs de la sphère réelle

L’économie algérienne se caractérise par 96/97% d’exportation d‘hydrocarbures à l’état brut et semi brut ( sur les 3/4% restant 50% sont constitués de dérivées d’hydrocarbures) donnant en réalité 98% provenant des hydrocarbures, et important 70-75% des besoins des ménages et des entreprises dont le taux d’intégration ne dépasse pas 15%, quelles soient publiques ou privées. Selon le FMI, plus de 40-45 % du produit intérieur brut (PIB) sont générés par les hydrocarbures mais en réalité, tenant compte des effets indirects de la dépense publique via toujours les hydrocarbures, le BTPH, qui tire la croissance actuelle, il reste moins de 20% pour les véritables producteurs de richesses. Comme le reconnait le premier ministre algérien lors d’une récente réunion le 18 mai 2013, les assainissements répétés des entreprises publiques n’ont pas eu les effets escomptés. Je le cite : «1000 milliards de dinars d’assainissement seulement ces dernières années sans résultats probants». Mais ces montants s’ajoutent au 50 milliards de dollars entre 1971/2011. Côté importations aussi, l'Algérie se trouve dans une situation peu reluisante. Les différents  rapports  entre 2010/2015  réalistes mais alarmants de la banque d’Algérie  montrent que les importations poursuivent leur tendance haussière, avec  un  léger  fléchissement en 2016.  Mais existe un paradoxe, malgré l’importance de la dépense publique, car le PIB reste modeste, encore que l’indice du développement humain (IRH) est un indicateur plus fiable que le PIB. Le  produit intérieur brut (PIB) toujours à prix courants il a évolué ainsi de 2001 à 2015. 2001, 4227 milliards de dinars- 2005,7562 milliards de dinars, - 2009, 9968 milliards de dinars (effet de la crise),-2010,11191 milliards de dinars, -2015,16952 milliards de dinars, soit un  fléchissement rapporté  au cours actuel du dollar donnant au cours de 2015 environ 160 milliards de dollars.  Paradoxe,  certaines données officielles donnent  un taux de chômage en baisse alors que  la  croissance en valeur est en baisse. Entre 2000/2016, le taux de croissance moyen en Algérie n’a pas dépassé 3%  alors qu’il aurait du être de plus de 10% malgré une dépense publique sans précédent depuis l’indépendance politique. Bien que ce taux puisse faire rêver bien des pays européens, il faut relativiser. En termes de calcul, le taux de croissance se calcule par rapport à la période précédente et qu’un accroissement appliqué à un produit intérieur brut faible (PIB) donne globalement un taux faible. Cela montre un divorce entre la bonne santé financière de l'État, due aux hydrocarbures, et la sphère réelle de l'économie, avec cet adage, un pays riche mais une population de plus en plus pauvre du fait de la concentration excessive du revenu national au profit d’une minorité rentière, expliquant le malaise social. Tenons-nous à deux indicateurs fondamentaux l’inflation le chômage.  Cancer de la rente l'inflation a évolué ainsi : 2001, 3,0%, -2005, 1,9%,-2010, 5,0%,-2015  4,8% , août/septembre  2016, 5,8%.  La perception de l’inflation est différente d’un ménage qui perçoit  le SMIG  consacrant plus de 70% de son modeste revenu aux produits de première nécessité que  celui  qui perçoit  500.000 dinars  net par mois. L’inflation accélère   la concentration excessive du revenu national  au détriment des revenus fixes avec la détérioration du pouvoir d’achat de la majorité pouvant conduire , non maîtrisée à une  déflagration, sociale  et politique.  Selon l’ONS, fin 2015, le salaire net moyen mensuel a  été  de 37.800 DA, sachant que le salaire net moyen est composé du salaire brut diminué des différentes retenues (IRG, sécurité sociale et retraite). Au niveau national, le salaire de base représente en moyenne 60% et les primes et indemnités 40% de la rémunération brute totale. Le salaire net moyen mensuel a été globalement de 39.200 DA en 2015 à raison de 54.700 DA dans le secteur public contre 32.100 DA dans le privé  avec des écarts des salaires selon la qualification et les secteurs d'activités  assez élevés dans les activités liées aux hydrocarbures et les banques par rapport à la moyenne nationale. Mais pour avoir une vision  objective du salaire réel qui détermine le pouvoir d’achat, il faut déflater le salaire nominal par l’évolution dut aux d’inflation.  Car il faut se méfier d’un indice global. L’analyse objective de l’inflation doit relier le processus d’accumulation, la répartition du revenu  et le modèle de consommation par couches sociales afin de déterminer la politique salariale protégeant les plus démunis,  mais en évitant un nivellement par le bas facteur de démobilisation Aussi, une interrogation s’impose : comment est-ce qu’un Algérien, qui vit au SNMG, (200/250 euros par mois  alors que le kilo de viande est de   10 euros  fait face aux dépenses incontournables : alimentation, transport, santé, éducation. La cellule familiale, paradoxalement, avec  la crise du logement (même marmite, même charges)  et la sphère informelle jouent comme soupape  de sécurité temporairement.   Sans les subventions, mal ciblés, le taux d’inflation sera plus élevé que l’indice officiel.. Ce qui renvoie au poids de la sphère informelle produit de la bureaucratie et des dysfonctionnements des appareils de l’Etat. Selon Deborah Harold, enseignante américaine de sciences politiques à l’université de Philadelphie et spécialiste du Maghreb, dans une conférence donnée à Alger courant 2012, se basant sur des données de la banque d’Algérie, l’économie informelle brasserait 50 % de la masse monétaire en circulation ( voir Abderrahmane Mebtoul – poids de la sphère informelle au Maghreb-Algérie-Maroc-Tunisie- Institut Français des Relations Internationales – IFRI- Paris - 03 décembre 2013. Tout se traite en cash, alors que le fondement d’une économie saine se fonde sur le crédit et le contrat, expliquant en garde partie la corruption qui freine le développement du tissu productif. L’Algérie subventionne indirectement tous les pays au frontières un grand nombre de produits de première nécessité, comme les céréales, l'eau et le lait, l'électricité et le carburant sinon le taux d’inflation officiel dépasserait les 10/15%. Mais avec une très profonde injustice sociale, celui qui gagne le SNMG au chef d'entreprise national ou étranger, bénéficient des prix subventionnés, n’existant pas de système ciblé de subventions. Outre cette disparité dans l’octroi du soutien de l’Etat, il faut remarquer l’opacité dans la gestion des transferts sociaux. Ces subventions expliquent le gaspillage des ressources rares et également les fuites de produits hors des frontières, et les mesures administratives ne peuvent qu’être ponctuelles supposant de nouveaux mécanismes de régulation, l’Algérie étant en transition depuis 1986, ni une économise de marché, ni une économie administrée expliquant les difficultés de régulation politique, sociale, économique et financière. Sans compter les résultats très mitigés des différentes agences  de l’emploi, quant aux IDE, contrairement aux données euphoriques de l'ANDI assimilant projets déposés avec réalisation,  les résultats hors hydrocarbures sont en  deçà des promesses , surtout depuis la promulgation des lois de Finances complémentaires de 2009/2010, qui interdisent à tout investisseur étranger de détenir plus de 49 % des parts d'une société locale, et l'oblige donc à accepter un actionnariat algérien majoritaire, à 51 % minimum, l’Etat algérien supportant tous les surcoûts. Si cette règle peut se comprendre pour les secteurs stratégiques, généralisées à l’ensemble de l’économie, elle a produit peu d’effets positifs sans dynamiser le tissu économique. Il faudrait privilégier un co-partenariat basé sur une balance devise et un transfert technologique et managérial au profit de l’Algérie avec une minorité de blocage de 30% comme en Chine où n’existe pas cette règle. D’une manière générale, vision du passée des années 1970,  il parait hasardeux  de fonder une stratégie hors hydrocarbures sur les nombreuses micro-unités de montage de voiture ( avec d’importantes sorties  de devises à l’avenir pour les inputs) pour dynamiser les exportations, l’industrie mondiale de voitures  et également des mines, dominée par les oligopoles, connaissant une profonde restructuration le minimum de seul de rentabilité étant entre 150.000/200.000 unités/an.  Pour le taux de chômage officiel,  il est  relativement modeste au regard des autres pays du Maghreb, mais aussi de l'Europe dont la moyenne en 2016 est supérieure à 9% pour les 27 pays. La population algérienne est passée de 12 millions en 1965, de    34 591 000 le  1er juillet 2008, à 37,5  millions d'habitants en 2010, 39,5 millions d'habitants   au 1er janvier 2015,   et  40,4 millions d’habitants au 1er janvier 2016. Dans une étude  publiée par l’ONS fin 2015,  la population active selon l’ONS est de  9 ,493 millions d’habitants en 2005, 10,862 en 2010, 10, 661 millions d’habitants en 2011, (une baisse) 11,423 en 2012, 11,964  en 2013,  et une population active 2015   d’environ 11,932 millions d’habitants.  La population en chômage pour la même période toujours selon l’ONS est de 15,3% en 2005, 201 en 2011 10%, 11% en 2012, 9,8%  en 2012/2013, 10,6% en 2014 et  11,2% en 2015 avec un taux de chômage des jeunes de 29,9%, un taux de chômage toujours en 2015 pour le sexe masculin de 9,9% et pour le sexe féminin ( dont le  taux d’activité retenu  est inferieur ) de 16, 6%.  Selon l’enquête de 2013 de l’ONS, la  structure de l’emploi selon le secteur d’activité fait ressortir un secteur tertiaire (commerce et services), en progression, ce dernier absorbe 59,8% de la main d’œuvre totale, suivi par le BTP (16,6%), l’industrie (13,0%) et enfin l’agriculture (10,6%).  Par ailleurs,  selon la direction générale de la fonction publique le nombre de fonctionnaires au 01 janvier 2015 est de 20020.172 fonctionnaires  dont 1.608.964  à temps plein (79,64%) et 411.208 agents contractuels (20,30%).  Concernant l’aspect macro-économique global, il existe une loi universelle, le taux d’emploi est fonction du taux de croissance  et des structures des taux de productivité relevant d’entreprises compétitives à valeur ajoutée devant à l’avenir concilier flexibilité et sécurité du collectif des travailleurs étant à l’aube de la quatrième révolution économique mondiale  . L’on ne crée pas des emplois par décret, la solution de facilité étant la création d’emplois dans l’administration. Le taux de chômage officiel de 11% est fortement biaisé incluant les sureffectifs tant des  administrations que des entreprises publiques, des emplois temporaires fictifs (5 mois non créateur de valeur ajoutée comme par exemple pour faire et refaire des trottoirs) et les emplois dans la sphère informelle. Paradoxalement du fait de l’allocation sectorielle d’investissement via la dépense publique, fortement biaisée privilégiant les emplois à très faibles qualification comme le BTPH (70% de la dépense publique), les diplômés ont plus de chance d’être chômeurs expliquant le faible taux de croissance et de productivité. Il faudra créer entre 300.000/400.000 postes de travail par an entre 2017/2020, qui s ‘ajoute au taux actuel  du chômage, sous estimé,  du fait de la pression démographique, de l’entrée sur le marché du travail de la population féminine  sous estimée  dans les statistiques,  afin de résoudre le lancinant problème du chômage.  Que  deviendront les 2 million d’étudiants sortis des universités entre 2018/2020 ? 

3.- Les défis de l’Algérie 2017/2020 

Le pouvoir d’achat des Algériens est tributaire à plus de 70% de la rente des hydrocarbures brut et semi brut et est donc un pouvoir d’achat artificiel et avec la crise de confiance Etat –citoyens,  tous les segments de la société veulent leur part de rente, et immédiatement, quitte à conduire le pays au suicide collectif. Le blocage étant d’ordre systémique. Les différentes dévaluations du dinar algérien qui était coté un dinar 5 dollars en 1974, puis 45 dinars un dollars en 1994 étant passé à 81 dinars un dollar en 2013, entre 100/ 110 dinars un dollar   qui en principe constituent un dumping à l’exportation, n’ont pas permis de dynamiser les sections hors rente. 83% du tissu économique est constitué de petits commerce/services et 95% du tissu industriel en déclin de petites PMI/PME non initiés au management stratégique. Qu’en sera-t-il de l’impact de l’abrogation ou modification de l’article 87 bis sur ces PMI/PME restantes qui ne pourront supporter de lourdes charges salariales ? Qu’en sera t--il de l’impact de l’Accord d’Association avec l’Europe signé le 01 septembre 2005, où le dégrèvement tarifaire sera zéro a été reporté au lieu de 2017 à horizon 2020 ? Qu’en sera-t-il si l’Algérie est admise à l’organisation mondiale du commerce (OMC) où d’ailleurs son adhésion n’est pas pour demain ? L’Algérie souffre toujours du monopole, source inefficience, à tous les niveaux, et connait un dépérissement du tissu productif dont l’industrie représente à peine 5% du produit intérieur brut. Le modèle mis en place depuis l’indépendance politique, le modèle ayant misé sur les  infrastructures moyen uniquement de développent entre 2000/2016, semblable à celui de 1980/1988, trouve ses limites. Il est assis essentiellement sur la bureaucratie et le secteur d’Etat qu’il s’agit ici de ne pas de diaboliser mais le rendre plus performant dans un cadre concurrentiel, car ayant à sa direction souvent de brillants managers, mais soumis aux directives bureaucratiques. Cette politique a marginalisé le secteur privé productif et favorisé les rentes spéculatives. Mais cela ne peut pas durer quitte à aller vers  une implosion différée. Comme j’ai à le souligner récemment dans une interview à Radio France internationale RFI et Radio Algérie Internationale,  il faut bien considérer que l’économie algérienne est une économie léthargique et rentière. Que se passera-t-il lorsque la rente diminuera, ou s'éteindra quasiment, au rythme de la baisse prévisible des devises issues des hydrocarbures, du fait de leur épuisement d’où l’urgence de réfléchir à la transition énergétique afin de favoriser  leur remplacement progressif par d'autres sources d'énergie ? Les équilibres macro financiers actuels sont éphémères sans de profondes réformes institutionnelles et microéconomiques. L’objectif est la mise en place d’un Etat de Droit passant par l’indépendance de la justice et d’institutions démocratiques, tenant compte de notre anthropologie culturelle. J’ai eu souvent à le souligner en direction des pouvoirs publics algériens, il s‘agit d’éviter de dépenser sans compter. En termes de rentabilité financière et tenant compte des exportations et de la forte consommation intérieure, des coûts croissants, que horizon  2025 pour le pétrole et horizon 2030 pour le gaz conventionnel avec 50 millions d’habitants, l’Algérie sera sans hydrocarbures conventionnels devant éviter également l’euphorie du gaz/pétrole non conventionnel. Le développement durable tenant compte du défi écologique, en ce XXIe siècle, se fonde essentiellement sur la bonne gouvernance et la valorisation du savoir si l’on veut dynamiser les sections hors rente dans le cadre des avantages comparatifs mondiaux. Y a-t-il une prise de conscience des défis nombreux qui attendent l’Algérie ? A-t-on tiré les leçons de la chute des hydrocarbures de 1986 avec les incidences désastreuses pour le pays, économiques, sociales et politiques? Quelle conclusion pour l’avenir de l’Algérie en cette fin  d‘année 2016? Si les résultats sont loin, très loin des potentialités que recèlent le pays du fait d’une gouvernance mitigée, et elles sont nombreuses, je suis pourtant confiant. L’Algérie recèle d'importantes potentialités, surtout les compétences humaines richesse bien plus importante que toutes les réserves d’hydrocarbures, actuellement marginalisées, tant au niveau local qu’à l’étranger, pour surmonter la situation actuelle. Pour cela, outre une profonde moralité des personnes chargés de diriger la Cité, l’on doit revoir la gouvernance et donc l’actuelle politique socio-économique qui ne peut que conduire à l’impasse et donc à l’implosion sociale à terme. La lutte contre la corruption, les transferts illicites de capitaux, qui existent depuis l'indépendance politique, mais qui a pris des proportions alarmantes entre 2004/2016  du fait que l'on a injecté des sommes colossales sans prévoir de mécanismes de contrôle devient une urgence de l'heure, devant prévoir des mécanismes démocratiques et éviter des règlements de comptes inutiles. L’on ne saurait ignorer les effets de la mondialisation à la fois positifs mais pervers sans régulation, devant insérer les projets futurs dans le cadre de l’intégration du Maghreb pont entre l’Europe, le Moyen-Orient et l’Afrique, pour la stabilité et une prospérité partagée de la région. L’Algérie est à la croisée des chemins. Il faut éviter toute autosatisfaction, contraire au vécu quotidien de l’immense majorité des Algériens, source de névrose collective, mais également éviter toute sinistrose : tout ce qui a été réalisé entre 1963-2016   n’est pas totalement négatif mais il reste beaucoup d’insuffisances qu’il s’agit impérativement de corriger. Le défi des nations en ce XXIe siècle, monde en perpétuel mouvement est la maîtrise du temps, tout pays qui n’avance pas recule forcément. Il y a maintenant unanimité nationale et internationaleSi l’Algérie rate le cap du développement entre 2017/2020, elle sera éternellement un pays sous-développé avec d’importants remous sociaux et politiques avec des interférences étrangères. C’est sa dernière chance. Aussi, le changement de cap de la politique économique et sociale avec soubassement  une vision stratégique et un nouveau mode de gouvernance, grâce à un dialogue fécond et productif, personne n’ayant le monopole du nationalisme, s’impose pour des raisons de sécurité nationale. L'Algérie a toutes les potentialités de sortie de crise. Agissons, loin des discours démagogiques qui ne portent plus  pour le bien être de l’Algérie.

 Dr Abderrahmane MEBTOUL, Professeur des Universités, Expert International

 ademmebtoul@gmail.c om

 

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